Le neurobiologiste Stefano Mancuso qui travaille de concert avec plusieurs laboratoires de la planète, est considéré comme un « changeur du monde » par les medias. Son best-seller, L’Intelligence des plantes, a littéralement changé la perception de la planète et on ne regarde plus le monde végétal comme avant.

Stefano Mancuso  fondateur de la neurobiologie végétale a démontré que les plantes sont dotées de cinq sens et sont capables de trouver une multitudes de solutions à une multitudes de problèmes, elles développent des stratégies pour déjouer ou séduire leurs agresseurs et utilisent armes et symbiose pour vaincre l’adversité.

 

František Baluška aussi effectue des recherches sur la signalisation végétale, le comportement des plantes et l’évolution de la cellule eucaryote à l’IZMB, Université de Bonn. Il a fondé les revues Plant Signaling & Behavior et Communicative & Integrative Biology, et il a édité la série de livres Signaling and Communication in Plants. 

Les plantes sont généralement considérées comme des organismes passifs et insensibles. On peut retracer cette forte croyance jusqu’à Aristotle , qui a positionné les plantes immobiles en dehors du domaine de la vie sensible. Les millénaires qui se sont écoulés entre le temps d’Aristotle et nos jours soulignent le fait qu’il sera très difficile de changer cette vision presque dogmatique. Par exemple, l’une des premières tentatives sérieuses de réhabilitation des plantes a été réalisée par nul autre que Charles Darwin, en 1880. À la fin du livre The Power of Movement in Plants, qu’il a écrit avec son fils Francis, ils ont proposé que  l’apex racinaire représente le pôle antérieur cérébral du corps végétal.

 

Plant-Environment Interactions (2009) František Baluška

Ce volume, en fait toute la série, documente un changement de paradigme actuellement en cours dans le domaine des sciences végétales. Au cours des deux ou trois dernières décennies, les plantes ont été démasquées comme étant des organismes très sensibles qui surveillent et intègrent un grand nombre de paramètres abiotiques et biotiques de leur environnement. Alexander von Humboldt a montré que les plantes réagissent aux stimuli électriques de la même manière que les animaux quelques années après que Luigi Galvani a découvert la stimulation électrique des muscles des animaux dans les cuisses de grenouilles. Plus tard, lorsque des potentiels d’action animale ont été découverts chez les animaux, des potentiels d’action similaires ont rapidement été également enregistrés dans les plantes. Initialement, seules les «plantes sensibles» ont été testées, mais il y a environ 30 ans, il a été constaté que toutes les plantes utilisent des potentiels d’action pour répondre aux stimuli environnementaux. Cette percée assez spectaculaire est passée presque inaperçue dans les sciences végétales dominantes. Ce n’est que récemment que l’émergence de la neurobiologie végétale a mis en évidence cet aspect négligé de la biologie. La conservation évidente qui se produit tout au long de l’évolution signifie que les potentiels d’action procurent aux plantes et aux animaux des avantages évolutifs qui sont cruciaux pour leur comportement adaptatif et leur survie. Comme les plantes ont développé des potentiels d’action indépendamment des animaux, ce phénomène détient également la clé pour éclairer le mystère de l’évolution convergente, un phénomène qui n’est pas conforme aux principes darwiniens classiques de l’évolution biologique.

Intelligence des plantes_2

Extrait d’Un article du Point ** : Les plantes auraient cinq sens, comme les hommes.

  1. L’ouïe. Les plantes sentent les vibrations. Si nous faisons pousser des racines de haricots dans un verre d’eau et que nous plaçons sur un côté du verre un haut-parleur qui produit des vibrations à 200 ou 300 hertz, les racines se tournent, pour se développer, vers l’origine du son. Les plantes sont sensibles à ces fréquences parce que ce sont celles de l’eau qui coule.
  2. La vue : pour les plantes, la lumière, c’est l’énergie. Si notre haricot est près d’une source de lumière, il pousse en se dirigeant vers elle.
  3. Le toucher. Cette fois, nous plaçons deux haricots dans deux verres. Nous caressons légèrement la plante A quelques minutes par jour et ne touchons pas la plante B. Au bout de deux semaines, la plante A est restée naine alors que la B a grandi normalement. La plante ressent le contact tactile comme un risque de prédation.
  4. L’odorat: Si on stresse un groupe de plantes, par exemple en taillant les feuilles, elles produisent des substances volatiles qui sont reconnues par les plantes voisines. Ces dernières commencent à leur tour à produire des substances chimiques destinées à les protéger d’éventuels insectes.
  5. Le goût, très lié à l’odorat. Les racines fouillent le sol à la recherche d’aliments « appétissants » : nitrate, phosphate ou potassium. Outre les cinq sens, les plantes peuvent sentir davantage de sollicitations que les hommes : les champs électriques, les champs magnétiques, les gradients chimiques.

 

« L’intelligence des plantes », de Stefano Mancuso et Alessandra Viola (Albin Michel, 232 pages, 18 euros). Parution le 3 avril.
** Sources « Le Point » propos recueillis par Dominique Dunglas. N° 2378 du 29 mars 2018.

 

0 réponses

Répondre

Se joindre à la discussion ?
Vous êtes libre de contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *